A la fois maman d’élève et enseignante, ayant exercé ses compétences dans des classes de tous types et de tous niveaux, Ostiane Mathon pose un regard lucide mais néanmoins optimiste sur les relations parents-enseignants.

Elle a vécu ce lien à la fois en tant que parent et en tant qu’enseignante et l’affirme : non, les relations ne sont pas simples tous les jours ! Mais certaines actions et démarches concrètes peuvent contribuer à faire croître la confiance entre parents et enseignants, pour le plus grand profit des enfants.

A la fois maman d’élève et enseignante, ayant exercé ses compétences dans des classes de tous types et de tous niveaux, Ostiane Mathon pose un regard lucide mais néanmoins optimiste sur les relations parents-enseignants.

Elle a vécu ce lien à la fois en tant que parent et en tant qu’enseignante et l’affirme : non, les relations ne sont pas simples tous les jours ! Mais certaines actions et démarches concrètes peuvent contribuer à faire croître la confiance entre parents et enseignants, pour le plus grand profit des enfants.

 

 

Ostiane, vous avez publié récemment chez Delagrave « Un projet pour repenser la relation parents-enseignants ». Pourquoi le choix de ce thème ? 

Les relations entre école et famille sont quelque chose de complexe. Etant des deux côtés de la barrière j’entends des choses des deux côtés … qui reposent parfois, souvent même, sur des représentations erronées.

Ce qui est intéressant dans les relations parents-enseignants, c’est l’effet qu’elles peuvent avoir sur l’élève. Il ne s’agit pas de communiquer pour communiquer, ce sont les répercussions positives sur l’enfant qui sont recherchées.

 

Vous dites dans votre ouvrage qu’il est important du point de vue de l’enseignant, de connaître les parents de l’élève. Pourquoi ? 

En effet, l’enfant arrive forcément en classe avec dans la tête, tout ce qui se passe dans sa vie en-dehors de l’école.  Par exemple une maladie de quelqu’un à la maison, ou un mode de garde un peu compliqué lors d’une séparation. L’enseignant doit être au courant de certaines situations pour comprendre son élève ; ce qui ne veut pas dire pour autant qu’il changera son niveau d’exigence. Mais l’enseignant doit en savoir un minimum pour être capable d’adapter son regard … sans non plus aller trop loin dans l’intimité.

Dans le cas d’un enfant pour qui tout va bien, la rencontre avec les parents n’est pas une nécessité  de première urgence, mais elle a quand même du sens, ne serait-ce pour que l’enfant sache que parents et enseignant se connaissent.

 

Mais en tant que parent, jusqu’où doit-on être présent et demander à rencontrer les enseignants ? N’y a-t-il pas une limite ?

Il est vrai qu’il y a des parents qui veulent parler à l’enseignant quotidiennement. Alors que pour d’autres c’est le détachement total … C’est une question d’équilibre à trouver. Mais ça veut toujours dire quelque chose. Un parent extrêmement présent par exemple, ce peut être un parent qui a du mal à « laisser partir » son enfant.

 

Quelles actions concrètes peut-on mener pour favoriser un état d’esprit positif entre parents et enseignants ? 

Tout d’abord, l’école est aujourd’hui un lieu où il est souvent difficile pour tout le monde de s’orienter. Or l’école, si elle ne doit pas être ouverte à tout vent, ne doit pas non plus être un territoire complètement étranger aux parents.

Il est assez facile et pas trop cher d’agir là-dessus.

Par exemple des écoles organisent en fin d’année des journées où enseignants et parents participent ensemble et de manière conviviale à la remise en état de l’école, par du petit bricolage, de la peinture. En juin, ce peut là aussi être l’occasion, avant l’entrée au collège  de faire connaissance avec les nouveaux parents et leurs enfants lors d’une journée portes-ouvertes. 

Je connais également un enseignant de maternelle qui, pendant quelques jours, et par roulements successifs, autorise les parents à assister à la classe. C’est très positif, notamment dans des écoles  où il y a beaucoup de familles issues de l’immigration. Le parent peut voir ce qui se passe en classe et ainsi mieux aider son enfant dans ses apprentissages. Il comprendra davantage ce que lui dira l’enfant quand il lui parlera de ce qu’il aura fait en classe.

 

Vous parlez aussi dans votre ouvrage des blogs de classe. Comment ça marche ? 

Il existe différents types de blogs de classe. Le blog de l’enseignant qui raconte la journée de classe et fournit du contenu pour approfondir une séquence spécifique d’apprentissage ; un blog temporaire le temps d’une classe verte ; un blog  de parents, sur lequel d’ailleurs les enseignants peuvent être intéressés à participer. Ce peut être enfin un blog géré par les élèves qui rédigent eux-mêmes leurs articles, comme un journal. De mon expérience, c’est ce type de blog conçu par les élèves qui suscite davantage de réactions et de commentaires en ligne de la part des parents. Plus que les blogs d’enseignants… 

 

Pourquoi ne pas faire intervenir les parents plus souvent dans les classes ? Y a t-il eu des expériences en la matière ? 

Il y a deux ans, j’ai mis en place dans ma classe un forum des métiers et des passions. Chaque parent volontaire disposait d’un créneau de 1h à 1h30 pour venir parler de son métier, ou d’une passion. Il y a eu énormément de parents volontaires. Cela a été une grande réussite. C’est bien de faire intervenir des parents, non pas en tant que parents, mais en tant qu’adultes. C’est gratifiant à la fois pour eux et pour leurs enfants.

Concrètement, le parent explique son métier et répond aux questions des élèves. Il peut montrer des documents, faire des mises en situation avec les élèves. Par exemple un papa publicitaire leur avait fait faire un jeu où ils devaient imaginer la promotion d’un objet.

On a eu beaucoup de papas, alors que d’habitude on voit plus souvent les mamans…

 

D’autres idées encore pour favoriser cette relation parents-enseignants ? 

Une autre idée à développer est d’organiser dans l’école des conférences pour les parents et les enseignants, avec un intervenant extérieur, qui traite un thème choisi en fonction de l’école, par exemple la violence …

Les radios d’école, ou la rédaction de journaux scolaires peuvent également nourrir ces relations … L’objectif visé dans ce genre de projet, c’est de donner aux parents l’occasion de participer à la conception en amont, et pas seulement au financement !

Favoriser cette relation passe enfin par des toutes « petites choses ». Par exemple il faut penser à un vrai travail sur le vocabulaire : ne pas utiliser le mot « convocation » pour un rendez-vous entre parent et enseignant ; co-écrire le règlement intérieur avec les parents délégués. Enfin, il serait bon d’aménager des lieux d’accueil pour les parents qui viennent pour un rendez-vous avec un enseignant afin qu’ils soient reçus dans de véritables salles d’entretien et non entre deux couloirs.

 

Ostiane, je vous remercie pour cet entretien. 

C’est moi qui vous remercie pour l’intérêt que vous témoignez à ce thème en général et à mon ouvrage en particulier !

 

Pour en savoir plus :

Un projet pour... repenser la relation parents-enseignants , d’Ostiane Mathon, aux éditions Delagrave

Une signature-débat avec Ostiane Mathon, le 30 septembre 2009 de 14h à 18h, à Paris à la boutique du Palais de la Découverte

http://lewebpedagogique.com/ostiane/2009/09/12/rencontre-autour-dun-livredeuxieme-etape/

Et des articles passionnants au sujet du Forum des Métiers mis en place dans sa classe par Ostiane Mathon :

http://lewebpedagogique.com/ostiane/2008/05/17/ouverture-du-forum-des-parents/

http://lewebpedagogique.com/ostiane/2008/05/30/les-cm1-ont-fait-leur-cinema/

http://lewebpedagogique.com/ostiane/2008/06/28/forum-des-metiers/

http://lewebpedagogique.com/ostiane/2008/06/30/metiers-de-parents/