Selon une étude de l’European Association for Special Education, 16 à 25%  des élèves européens sont en difficulté scolaire. Susceptible de toucher tout enfant, et généralement mal vécue par l’élève, la difficulté scolaire ne doit pas être prise à la légère. Nous avons rencontré Jeanne Siaud-Facchin, fondatrice de Cogito’Z, un centre de prise en charge des enfants en difficulté scolaire, et auteur de Aider l’enfant en difficulté scolaire.

Selon une étude de l’European Association for Special Education, 16 à 25%  des élèves européens sont en difficulté scolaire. Susceptible de toucher tout enfant, et généralement mal vécue par l’élève, la difficulté scolaire ne doit pas être prise à la légère. Nous avons rencontré Jeanne Siaud-Facchin, fondatrice de Cogito’Z, un centre de prise en charge des enfants en difficulté scolaire, et auteur de Aider l’enfant en difficulté scolaire . Elle nous a expliqué ce que pouvait recouvrir plus précisément la « difficulté scolaire ».

 

 

Jeanne Siaud-Facchin, quelles sont les origines possibles des  difficultés scolaires ? 

Il y a tout d’abord des troubles de l’apprentissage « techniques », comme la famille des dys (dyslexie, dyspraxie, dyscalculie …), les troubles de l’attention, les troubles de la mémoire. La prise en charge consiste alors en une rééducation, il faut mettre en place dans le cerveau des automatismes qui n’y existaient pas.

D’autres bilans orientent vers des troubles du comportement cognitif, une étape cognitive n’a pas été mise en place, ce peut être par exemple l’étape de la sériation, c’est-à-dire du classement d’objets du plus grand au plus petit.

Il y a ensuite les problèmes de gestion du stress, de timidité, de phobies, de manque d’affirmation de soi.

Et enfin, les problèmes psychologiques, d’ordre affectif, traitables par psychothérapie.

 

Quelle est la fréquence des différents troubles de l’apprentissage au sein de la population ? 

On estime que la dyslexie et la dyscalculie touchent environ 5% de la population chacune. La dyspraxie est encore plus fréquente, près de 10%. Ce trouble est mal connu en France, pas toujours repéré. Il s’agit d’enfants qui ont souvent des troubles spatiaux, lisent un mot sur deux, ont du mal à écrire, rendent des devoirs brouillons.

Les troubles de l’attention concernent eux aussi environ 5% des enfants.

Il faut aussi citer les dépressions infantiles, qui ont des répercussions scolaires : là aussi, autour de 5% des enfants.

 

Les difficultés scolaires doivent donc être suivies de près ? 

La difficulté scolaire, c’est souvent la manière dont l’enfant va émettre une souffrance.

Les parents consultent plus rapidement pour des difficultés scolaires que pour d’autres types de difficultés. Il est évident qu’il y a une pression de tout le monde sur les résultats d’école, des parents mais aussi des enseignants. Car pour avoir un sentiment de compétence en tant que parent, il faut avoir un enfant bon à l’école, c’est une pression de la société tout entière. On le voit bien, lorsqu’on demande des nouvelles de l’enfant de quelqu’un, la question qui revient est « Ca va bien l’école ? ».

 

Concernant les troubles dits  « techniques », comme la famille des dys ou les déficits d’attention, la fréquence des ces troubles est-elle en hausse, ou bien parle-t-on de ces troubles et les diagnostique-t-on davantage qu’avant ? 

On les diagnostique mieux aujourd’hui, et on sait mieux comment y remédier. Avant, on disait « C’est un enfant turbulent ! », et on culpabilisait les parents en leur disant qu’ils ne mettaient pas assez de règles. Des générations de psychologues ont ainsi désigné les mères comme à l’origine des troubles de leur enfant. Lorsqu’elles viennent me voir dans cet état de culpabilité je leur réponds qu’elles ne sont pas toutes-puissantes, qu’elles n’ont pas intégralement façonné leur enfant !

 

Ces troubles relèvent donc de l’inné et non de l’acquis ? 

Oui, il n’y a plus débat là-dessus. La dyslexie par exemple est totalement génétique, on sait même aujourd’hui comment ça se manifeste dans le cerveau pendant la gestation. Le fait d’être surdoué aussi est inné. Même l’anxiété peut être innée, vous le voyez bien dans les maternités, certains bébés pleurent tout le temps et d’autres pas. Le problème pour l’anxiété étant que le bébé anxieux se retrouve le plus souvent dans un environnement anxieux, de par ses parents, l’environnement se rajoute au génétique.

 

Vous parlez des surdoués, pouvez-vous nous en dire plus ? 

On estime à 2% la proportion d’enfants surdoués. Ces enfants, de par leur fonctionnement particulier, se retrouvent parfois eux aussi en difficulté scolaire.

Il faut dire aussi qu’il y a parfois de mauvais diagnostics, certains enfants peuvent se retrouver dans des écoles pour surdoués alors qu’ils ne le sont pas, ce qui leur occasionne beaucoup de difficultés.

 

Comment diagnostique-t-on un surdoué ? 

De même qu’un enfant déficient, par exemple trisomique, n’est pas seulement un enfant moins intelligent, mais aussi un enfant avec une façon de comprendre le monde singulière, qui sent l’imperceptible, qui a une sorte de sixième sens, eh bien de la même manière un surdoué a une intelligence élevée, mais surtout qualitativement différente. Il a une sorte de puissance intellectuelle, des structures cérébrales qui s’activent différemment, ça se voit au scanner. Il n’est pas seulement très intelligent (avec un QI supérieur à 130), il a aussi une forme de décalage.

Ces enfants surdoués présentent certaines similarités dans les tests de personnalité, dont on se sert pour mieux les repérer. En particulier une hypersensibilité, une grande réactivité émotionnelle, une lucidité acérée sur le monde, une pensée foisonnante, en arborescence. Diagnostiquer un enfant surdoué, c’est une démarche complexe, qui ne peut se réduire à un score de QI, et surtout qui n’a de sens que par rapport à une prise en charge.

 

Pour en savoir plus :

 

http://www.cogitoz.com

Photos © Cogito’Z