Votre enfant ou adolescent manifeste des difficultés ou une lenteur à écrire ? La graphothérapie est une discipline pas toujours connue mais spécialisée dans le traitement de ce type de difficultés.

Nous avons rencontré Laurence Ribes (
Graphodys), graphothérapeute en région lyonnaise.

Laurence Ribes, vous êtes graphothérapeute, spécialité pas forcément bien connue du grand public. Pourquoi, pour un parent, aller voir un graphothérapeute plutôt que, par exemple, un psychomotricien, lorsque son enfant a des troubles de l’écriture ?

Il n’y a pas de règle absolue, c’est une affaire à la fois de diagnostic et de sensibilité personnelle. La manière de faire d’un graphothérapeute, par rapport à un psychomotricien ou un orthophoniste, peut souvent être assez proche. Cependant, alors que le psychomotricien va agir sur le corps afin de rétablir les fonctions psychiques et comportementales perturbées, et l’orthophoniste travailler sur la parole et le langage, le graphothérapeute va agir sur la motricité fine et les fonctions graphiques de base (non liées à un déficit intellectuel ou neurologique). La dysgraphie est un trouble qui affecte l’écriture dans son tracé. Elle peut apparaître à l’école primaire ou plus tard, et est souvent à l’origine de l’échec scolaire.

Pour ma part, des parents viennent souvent me voir pour un diagnostic, et lorsqu’il y a une prise en charge à prévoir par la suite, j’explique les différentes possibilités et je laisse aux parents le choix du professionnel. Il est vrai que s’il s’agit par exemple de troubles liés à des accidents ou à des maladies neurologiques, on conseillera plutôt le recours à un psychomotricien. Mais dans de nombreux cas le graphothérapeute peut faire la prise en charge : le parent doit avoir le choix en connaissance de cause.


Comment se passe un diagnostic ?

Il y a un premier rendez-vous pour avoir l’anamnèse c’est-à-dire parler de l’histoire de l’enfant avec les parents. On prend également en compte les cahiers et les dessins de l’enfant ainsi que ses relevés de notes. Le dialogue avec ce dernier est très important. On réalise ensuite le bilan graphomoteur : une série de plusieurs tests afin d’évaluer les difficultés de l’enfant face à l’écriture (tests de vitesse, orthographe, dessins ...). Suivant les résultats du bilan, une rééducation ou une remédiation est proposée. On peut aussi envisager une orientation chez le professionnel le plus adapté. Ce peut être un psychomotricien, un orthophoniste, un ostéopathe ... En effet, la cause du trouble d’écriture peut être physique, affective, liée à un trouble cognitif ...


Pouvez-vous nous donner quelques exemples ?

Par exemple, j’ai fait vérifier la vue d’un enfant (qui portait pourtant des lunettes) chez un orthoptiste, qui a ainsi pu traiter l’enfant sur des troubles visuels qui n’avaient pas été détectés initialement.
Je pense également à un adolescent qui, en écrivant, secouait régulièrement son poignet : il souffrait en fait d’un problème aux cervicales. Parfois un problème de posture, une scoliose, peuvent entraîner des troubles de l’écriture ; de même que des maladies auto-immunes.
Des troubles peuvent aussi être liés à un manque de confiance en soi, ou à un événement, ou à de mauvaises relations sociales à l’école ... Dans ce cas la résolution des troubles peut parfois être assez rapide avec l’aide d’un psychologue.
On peut aussi être parfois - plus rarement - face à des troubles affectifs qui nécessitent une prise en charge de la famille dans son ensemble, par une thérapie familiale.
Egalement, les enfants précoces (attention cependant à bien faire poser le diagnostic de précocité), qui présentent souvent des troubles de l’écriture.


Et comment se fait le traitement des troubles ?

Lorsque la famille choisit de faire la prise en charge avec moi, on travaille de diverses manières : le geste d’écriture pour prendre confiance, mais aussi la posture. On peut faire de la relaxation, travailler à partir de jeux ... Les parents sont toujours au courant, et l’accord et la coopération de l’enfant sont nécessaires, pour le réconcilier avec l’écriture.


Laurence Ribes, comment êtes-vous devenue graphothérapeute ?

J’ai toujours été intéressée par l’écriture. Après une carrière professionnelle dans l’industrie, j’ai obtenu un master en Psychopathologie clinique, puis un DU en Psychopathologie infanto-juvenile. J’ai ensuite suivi une formation au GEGAP, un des organismes qui forment les graphothérapeutes en France. Pour moi, la formation en psychologie est complémentaire de la graphothérapie.


Il existe plusieurs formations et courants en graphothérapie, comment se repérer entre les différentes "écoles" ?

Certaines formations proposent ou demandent que les futurs graphothérapeutes soient graphologues. Pour d’autres, une formation en psychologie ou dans l’enseignement est conseillée. La formation du GEGAP insiste sur la pluralité des approches nécessaires pour diagnostiquer et prendre en charge un problème d’écriture. Les causes peuvent être tellement multiples, c’est pourquoi le travail en synergie avec d’autres professionnels est fondamental pour servir l’intérêt de l’enfant. Vous savez, lorsque l’on travaille avec des enfants, il faut être bienveillant et neutre et savoir se remettre en question sans cesse, aussi un travail sur soi me semble approprié.


Laurence Ribes, merci.

Retrouvez toutes les informations sur le cabinet de Laurence Ribes en région lyonnaise sur Graphodys