Développer la confiance en soi de votre enfant 3 questions à Audrey Platania (Cogito’Z)


Cmonécole : Qu’est-ce que le manque de confiance en soi, et comment le repère-t-on chez les enfants ou les adolescents ?

Audrey Platania : L’enfant qui souffre d’un trouble d’estime de soi est celui qui, face à une tâche à accomplir, pense qu’il n’y arrivera pas. Et réagit soit par une forte anxiété (ce qui va effectivement compromettre sa réussite), soit par un comportement d’évitement, de fuite, face à la tâche à accomplir.

Il faut savoir qu’à partir d’environ 8 ans, l’estime de soi dans différents domaines (le sport, les maths, l’écriture …) se généralise à un jugement global sur soi, applicable à toutes les activités. L’enfant avec une estime de soi fragile se juge dès lors selon des raccourcis du type : « j’ai des difficultés en maths, DONC je suis un nul ».

Pour autant, le manque de confiance en soi n’est pas facile à détecter au premier abord. Un enfant qui se met beaucoup en avant, veut donner une image d’invincible, peut paradoxalement être un enfant qui manque de confiance en lui. Autre exemple, des difficultés à se concentrer et un manque d’attention, parfois associées à de l’hyperactivité, peuvent s’expliquer elles aussi par une estime de soi chancelante.

Ce que le psychologue va rechercher pour se prononcer, c’est la cohérence ou non entre les actions, les pensées et les émotions de l’enfant. Par exemple si l’enfant se met beaucoup en avant en paroles, mais ressent une forte anxiété de performance, cela va nous mettre sur la piste du manque d’estime de soi.

 

CME : Comment, en tant que parent, aider un enfant qui a une estime de soi fragile ?

AP : Il faut éviter les messages hyper-positifs généralisants, du type « Mais si, tu es très intelligent ! ». D’abord parce que ce type de phrases « met la pression » à l’enfant, renforce son anxiété de performance. Et ensuite parce que l’enfant a besoin d’identifier, ses compétences et qualités spécifiques, précises, concrètes. Par exemple : « Tu sais être très attentif quand on t’explique quelque chose », ou « Tu n’oublies jamais la retenue dans tes additions ».

Donc il faut mettre en avant les qualités de l’enfant en s’appuyant sur des petites choses concrètes qui ont été réalisées, et non de manière « généraliste » : aider l’enfant à se connaître, à savoir ce qu’il sait faire ou en quoi il réussit bien. Le plus important n’est pas de réussir mais de savoir ce qu’on a su mobiliser en soi pour réussir, car c’est cette connaissance de soi qui va nourrir la confiance en soi.

A éviter aussi : le « c’est bien, mais … », qui annule l’effet de la valorisation. Si on a une louange et une critique à faire, autant les faire à deux moments différents. Et ne pas oublier que valoriser l’enfant est important, il a besoin de sentir la fierté de ses parents pour poursuivre son effort.

Bien entendu, il faut dans un premier temps proposer à l’enfant des objectifs atteignables, à sa hauteur. Et ne pas le comparer systématiquement à ses frères et sœurs ou camarades : ce qui compte, c’est sa progression personnelle !

 

CME : Quelles activités prévoir pour un enfant qui manque de confiance en lui ?

AP : N’importe lesquelles, mais avant tout, des activités où il est fort ! Pour renforcer son estime de soi, il vaut mieux l’inscrire là où sont ses talents.

Mais il est également bon de prévoir dans son emploi du temps des activités qui ne sollicitent pas la performance, des activités où le seul objectif est de prendre du plaisir et non d’être le premier.

 

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